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LA PARCELLE 32

dait ne pas s’arrêter à ces petites besognes. Il attacha le bout d’une corde à une branche, puis il s’en alla, disant :

— Il faut que je fasse boire les bêtes ; je ne peux pas être à la fois au four et au moulin.

Éveline prit donc le lourd paquet de cordes et, à reculons, elle commença à le dérouler. Au bout de l’allée, elle se haussa pour le passer dans la fourche d’un pommier. À ce moment, Honoré et Mazureau revenaient par le routin longeant le jardin. La tête basse, la veste sur le bras, Mazureau écoutait Honoré qui parlait avec animation. Ni l’un ni l’autre ne voyaient Éveline. Elle s’immobilisa, les bras hauts, appuyée au tronc de l’arbre. Quelques paroles vinrent jusqu’à elle.

— Tout ce que vous voudrez ! disait Honoré… Pour la question de la terre, c’est entendu… La parcelle est à vous ou le diable s’en mêlera… Je n’ai qu’un signe à faire pour avoir l’argent… Mais je voudrais au moins une parole.

— Je te l’ai donnée, répondit Mazureau.

Le gars hocha la tête et continua plus bas :

— C’est que…, je l’estime bien, votre parole… mais, pour cette affaire, j’aimerais tout de même mieux la sienne.

Éveline tressaillit.

— J’aimerais mieux avoir la sienne, disait Honoré…, et jusqu’à présent, elle ne me l’a point donnée.

À ce moment, ils arrivèrent tout près d’elle et ils l’aperçurent.

Honoré dit, galamment :

— Voici la demoiselle de chez vous, Mazureau…, celle qui réveille les sages et fait rêver les fous…