manderie… Je ne l’aime pas… Je ne l’épouserai jamais ! C’est Maurice que j’aime et je l’épouserai dans trois semaines.
Elle était devenue si pâle tout à coup que Bernard la crut en colère.
— Tu as bien tort de te fâcher, dit-il ; épouse qui tu voudras ! Épouse Honoré…, épouse Maurice… épouse le diable !
— Je ne suis pas fâchée… Je t’ai dit la vérité, puisque tu es si curieux.
— Tu n’as pas dit cela à grand-père ?
— Non, mais je vais le lui dire tout à l’heure.
— Tu ferais mieux de rester tranquille, affirma-t-il gravement. Et puis, tiens ! tu me fais perdre mon temps avec tes histoires de galants ! Achève de charger la brouette.
— Elle est assez chargée ; je porterai le reste.
Il eut un geste d’agacement ; prenant le paquet de linge mouillé qu’Éveline tenait sur ses bras, il le joignit au sien.
— Tu n’auras qu’à suivre, dit-il, si tu peux !
Et, sans reprendre haleine, à grandes foulées, il poussa la brouette jusqu’en haut du raidillon.
Derrière lui, Éveline montait légèrement. De même que Bernard était fier de montrer sa force, elle se sentait vaillante pour avoir dit deux fois son secret d’amour. Elle eût voulu le crier à son père et à Honoré, le crier à tous pour sa délivrance et pour sa joie.
Bernard mena la brouette dans le jardin.
— Aide-moi encore à installer les cordes, lui dit-elle, afin que j’étende vite et que mon linge ait le temps de s’égoutter avant la nuit.
Mais lui, son effort d’homme accompli, préten-