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LA PARCELLE 32

Éveline ne répondit pas ; il fit claquer sa langue.

— Quand tu seras mariée avec le « monsieur » de la Commanderie, je pense que tu seras fière ! Tu ne regarderas plus ceux de notre rang… probable !…

— Es-tu fou, toi aussi ! dit Éveline.

— Tu aurais peut-être mieux aimé un autre que je connais…, qui est plus jeune et qui a de belles moustaches… Mais ses terres ne sont pas larges, à celui-là, et grand-père le reçoit mal !… Hi ! Hi ! il le reçoit mal, grand-père !

Éveline lui montra la brouette.

— Aide-moi, dit-elle ; cela vaudra mieux que dire des sottises.

Mais le petit gars était lancé.

— Ce n’est pas vrai, ce que je dis, peut-être ? Ce n’est pas vrai que tu écrivais en cachette à un de l’armée ? Sur du papier bleu que tu avais glissé dans une doublure de ton calepin à aiguilles ? Ce n’est pas vrai que tu vas quand même te marier avec le « monsieur » ? Tu as raison, tante Éveline ! Tu as raison ! Tu seras riche… et puis au moins, celui-ci, il ne mourra pas à la guerre ! Tandis que l’autre… dame ! il y a des chances !

Éveline le regarda stupéfaite, ne sachant trop si elle devait rire ou se fâcher.

— Tu vois que je sais tout sans que vous m’ayez rien dit. Il n’y a plus qu’une chose que je ne sais pas…, dis-la-moi, tante ! dis-moi quel jour tu seras la mariée ?

Elle hésita un instant et puis les mots qu’elle devait dire à son père se précipitèrent à ses lèvres et elle ne sut pas les retenir.

— Je ne veux pas épouser Honoré de la Com-