— Il faut que je parle au père ! disait Éveline.
— Il faut que tu lui parles, appuya Marie. Pourquoi ne l’as-tu pas déjà fait ?
Éveline murmura :
— J’ai peur !
Alors Marie entreprit de l’encourager. Il était grand temps de parler ; attendre davantage serait malhonnête… Elle laissa entendre qu’elle était dans le secret des rencontres nocturnes ; elle connaissait aussi les projets de Mazureau.
Éveline dit :
— C’est cela qui m’effraye ! Mon père est de volonté dure ; il ne cède jamais… Il est capable de me chasser de la maison.
— Alors, tu viendras chez moi… Si les anciens sont rudes et ne s’aiment guère, ce n’est pas une raison pour que nous ne nous soutenions pas ; ma mère sera avec nous, s’il le faut ! Et je lui parlerai moi, à ton père, si tu veux… Désires-tu que je lui parle tout de suite ?
— Merci, dit Éveline. Il faut que ce soit moi-même… et, d’ailleurs, Maurice va lui écrire ; tout va se décider bientôt.
Marie avait fini de laver ; elle resta encore un petit moment pour aider Éveline ; peut-être aussi pour parler de cette grande affaire d’amour qui lui était étrangère, mais qui l’agitait par contrecoup.
Et elle disait, la douce Marie, Marie la bien sensée :
— C’est ton père qui est en mauvais chemin… Ne cède pas ! Il ne faut jamais aller contre son cœur… L’amitié vaut toutes les fortunes de la terre et il n’y a rien pour la remplacer… Maurice