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LA PARCELLE 32

sées, le ruisseau passant juste au bas de leur verger.

— Votre lavoir est donc démoli, demanda Éveline, que tu viens laver si loin ?

L’autre s’agenouilla à côté d’elle et murmura :

— J’ai des nouvelles pour toi ; j’ai des nouvelles de Maurice.

Éveline la regarda, inquiète et rougissante.

— J’ai une lettre, poursuivit Marie. Ne t’alarme pas ! Maurice s’est confié à moi le matin de son départ…, il m’a parlé plus longuement que tu ne crois…, et je sais…, que vous vous mariez bientôt.

Éveline rougit de plus belle. Marie lui tendit la lettre.

— Il me l’a envoyée à moi afin que ton père ne puisse pas l’arrêter en chemin… C’est un plan qu’il a fait à l’heure de partir, me trouvant devant lui dans la cour de chez nous. Mais, lis ta lettre et ne t’occupe pas de moi.

Ayant défait son paquet de linge, Marie se mit à laver.

Éveline lisait la lettre de Maurice. C’était une très longue lettre cette fois, et une lettre bien douce et bien sérieuse. Jamais Éveline n’en avait reçu de semblable. Il lui parlait gravement comme si elle eût été sa femme depuis longtemps déjà et tous ses mots étaient lourds d’une frémissante affection.

À la fin, il marquait :

Tu recevras ma lettre par ta cousine Marie qui est une personne très bonne et très sûre, connue tu sais.

Si tu es obligée de quitter la maison, tu trouveras auprès d’elle appui et réconfort. Je suppose que tu as maintenant parlé à ton père ; sur ta prochaine lettre,