Une semaine passa sans qu’elle reçût de nouvelles de Maurice. La cousine Marie lui porta sa première lettre un vendredi, pendant qu’elle était au lavoir.
Éveline, ce jour-là, était descendue vers le ruisseau pour faire lessive et aussi pour dissiper la fièvre d’attente qui la rongeait.
À travailler fort, elle pensait retrouver sa tranquillité et peut-être le courage qui lui manquait.
Ayant mené sa brouette par le petit raidillon qui descendait au lavoir, elle avait installé son genouillon sous un saule.
Il y avait peu d’eau dans ce méchant ruisseau qui tarissait tous les ans, au milieu de l’été ; pour laver convenablement, il fallait de l’attention et du soin. Éveline s’efforçait de ne songer qu’à sa besogne. Mais il faisait très doux à l’ombre du saule et c’était tout près de là qu’elle était venue s’asseoir avec Maurice, dans cette nuit du mercredi, cette dernière et folle nuit, si lointaine déjà ! Malgré elle, sa pensée s’en allait en tendres songeries.
Elle n’entendit pas Marie venir. Celle-ci apportait un petit paquet de linge ; elle le laissa choir derrière Éveline qui jeta un cri.
— Je t’ai donc fait peur ? demanda Marie.
Et elle ajouta avec un peu de malice :
— Je te voyais, de là-haut, en si grandes réflexions que je pensais trouver le ruisseau tari, ou ton battoir fendu, ou ta brosse emportée au fil de l’eau.
Éveline rougit et puis elle marqua un peu d’étonnement : d’habitude, celles de la Baillargère lavaient en amont et elles étaient même tout à fait favori-