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DEDE

nature qui doit toujours ſervir de modele, tient le milieu en tout.

Comme elle ne nous préſente pas deux hommes, deux viſages, ni deux objets parfaitement ſemblables, le Deſſinateur qui travaille d’après elle, doit s’appliquer à tracer & repréſenter cette forme, qui diſtingue ſon objet de tous les autres de l’Univers.

Pour y parvenir, il faut connoître parfaitement la nature ; avoir aſſez de géométrie & de connoiſſance des proportions, qui varient ſuivant le ſexe, l’âge ; ſçavoir la Myologie, l’Oſteologie & la Perſpective.

On reconnoîtra la vérité de cette régle, en comparant une figure académique deſſinée par un homme qui a toutes les connoiſſances de la ſtructure, de l’articulation des os, de l’emmanchement des membres, & du jeu des muſcles, avec une figure ſemblable, deſſinée par un homme qui les ignore. Le premier voit dans ſon ſujet des beautés réelles, qui échappent aux yeux peu inſtruits de l’autre. L’eſprit de celui-là fournit d’idées relevées, juſtes & agréables, échauffe ſon genie, & le rend capable d’imaginer quelque choſe au-delà de ce qu’il voit, ou de corriger des défauts que celui-ci n’apperçoit pas : nous en parlerons dans l’article Grace.

On diſtingue les deſſeins en croquis, études, penſées & deſſeins finis. On trouve l’explication des trois premiers, dans leurs articles.

Le deſſein proprement dit, eſt celui qui repréſente toutes les parties raſſemblées qui doivent entrer dans la compoſition d’un tableau. Les Maîtres les finiſſent quelquefois avec la derniere exactitude, ſoit pour leur propre ſatisfaction, ſoit pour ſervir de bons modeles à leurs Eleves, ſoit enfin pour en faire préſent à leurs amis. On trouve une infinité de ces deſſeins de toutes les eſpeces, faits par les grands Maîtres, & qui ſont conſervés très-précieuſement par les curieux Amateurs de la Peinture, & avec raiſon ; ce ſont l’eſprit même & la quinteſſence de l’art. Nous ſuivons par leur moyen la route que le Maître a priſe ; nous voyons les materiaux qu’il employoit pour faire ſes tableaux, qu’on peut regarder comme les copies de ces deſſeins, puiſque ſouvent, au moins en