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xiv
Traité Pratique.

après la Peinture, dont elle paroît n’être qu’une ſuite ou une imitation. L’art de la Tapiſſerie étant donc très-connu dans l’Égypte, à Sidon, en Phrygie, & dans une infinité d’autres lieux de tems de la guerre de Troye, de quelle ancienneté devoit être la Peinture dont il tiroit ſon origine. Virgile avoit lû Homere avec beaucoup plus d’attention que Pline ; puiſqu’en parlant des mêmes tems que ce Poëte Grec ſon modéle, il ne fait pas difficulté de ſuppoſer la Peinture même dans ſa perfection, ou du moins très-perfectionnée, lorſqu’il dit, dans ſon ſixiéme livre, qu’Enée ſe reconnut parmi les Héros peints dans les tableaux qui décoroient le Temple de Junon à Carthage.

Ces témoignages doivent ſuffire pour prouver l’ancienneté de la Peinture. Les Auteurs poſtérieurs à Homere, en font une mention très-poſitive. Il eſt ſurprenant que la Peinture & la Sculpture, ſi eſtimées du tems de Polignote, d’Apelles, de Tymante, de Parrhaſius, de Zeuxis, &c. ayent été ſi peu conſidérées dans leurs commencemens, qu’Homere, qu’on peut regarder comme un Hiſtorien, n’en ait pas fait une mention plus particuliere. Pour faire de ſi admirables ouvrages en tapiſſerie, il eſt vraiſemblable que de même qu’aujourd’hui, on travailloit ſur des patrons, qui par conſéquent devoient être au moins auſſi beaux que leurs copies. Comment dans ces tems-là ne jugeoit-on pas les noms de leurs Auteurs dignes de la mémoire des hommes ? Les progrès de ces Arts furent peut-être très-peu rapides : ils ne produiſirent ſans doute pendant long-tems, que des ouvrages trop informes pour mériter des éloges ; mais dès qu’ils eurent acquis un certain degré de conſidération, les Artiſtes travaillerent à l’envi à les perfectionner, & à ſe faire un nom. Les peuples ouvrirent alors les yeux ſur l’excellence de ces Arts : on conſacra dans les faſtes les noms des Peintres