ouvrages les plus accomplis. La plûpart des Peintres de l’école Flamande ; ſous prétexte que la Peinture doit imiter la nature, la prennent indifféremment, & même le plus ſouvent dans ce qu’elle a de bas & de plus commun ; ils la peignent avec ſes défauts plutôt qu’on ſon beau.
Naturam pinxiſſe parum eſt, niſi picta venuſtè,
Rideat & pulchros oſtendat ſplendida vultus.
Il ne faut pas confondre le beau avec le gracieux ; ce ſont deux choſes bien différentes. Voyez Grace, Gracieux.
Le beau eſt fort rare, & connu de peu de perſonnes ; il eſt difficile d’en faire le choix, & de s’en former des idées qui puiſſent ſervir de modele ; c’eſt pourquoi on doit l’étudier d’après les ſtatues, les bas reliefs & les autres ouvrages antiques, tant des Grecs que des Romains, parce que les Anciens ont fait une étude particuliere de tout ce que la nature avoit de plus accompli. Les choſes belles dans le dernier dégré, ſelon la maxime des Anciens Peintres, doivent avoir du grand, des contours nobles ; elles doivent être démêlées, pures & ſans altération, nettes & liées enſemble, compoſées de grandes parties, mais en petit nombre, & enfin diſtinguées de couleurs fieres, & toujours amies.
Beau ſe dit auſſi métaphoriquement de l’inſtrument qui a ſervi à faire l’ouvrage, & alors la louange retombe ſur la main de l’Artiſte. Un beau pinceau, un beau ciſeau, un beau burin.
Beau. On dit d’un portrait un peu flatté qu’il reſſemble en beau, lorſque la perſonne y eſt d’ailleurs reconnoiſſable. Voyez Portrait, Flatter.
Beau idéal, convenance & accord de toutes les parties d’une figure, ou du tout-enſemble d’un tableau, avec toutes les qualités requiſes pour la repréſentation exacte de la belle nature, & du caractere propre à chaque figure néceſſaire pour l’action repréſentée. Voyez le Diſcours ſur le beau idéal au commencement de cet Ouvrage.
BEAUTÉ. La beauté, ſelon Gallien, eſt un juſte accord & une harmonie des traits du viſage, & des membres les uns avec les autres, animés d’un bon tempérament. On ne convient pas
