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la guerre des boutons


bette, qui avait apparemment assisté à ces sortes d’opérations.

— Sûrement ! qui « c’est qu’a la ficelle » ?

— N’en v’là, répondit Tigibus.

— Me faites point de mal ou je le dirai à ma « moman », larmoya le prisonnier.

— Je me fous autant de ta mère que du pape, riposta Lebrac, cynique.

— Et à m’sieu le curé ! ajouta Migue la Lune, épanté.

— Je te redis que je m’en refous !

— Et au maître, fit-il encore, miguant[1] plus que jamais.

— Je l’emmerde !

Ah ! voilà que tu nous menaces par-dessus le marché maintenant ! Manquait plus que ça ! Attends un peu, mon salaud !

Passez-moi le châtre-bique[2].

Et, l’eustache en main, Lebrac aborda sa victime.

Il passa d’abord simplement le dos du couteau sur les oreilles de Migue-la-Lune qui, croyant au froid du métal que ça y était vraiment, se mit à sangloter et à hurler, puis satisfait il s’arrêta dans cette voie et se mit en devoir de lui « affûter », comme il disait, proprement ses habits.

Il commença par la blouse, il arracha les agrafes

  1. Miguer, cligner des paupières.
  2. Châtre-bique, couteau.