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la guerre des boutons


encore, et quand je devrais être tout seul, moi, je reviendrais et je leur z’y dirais aux Velrans que je les emm… et que c’est rien que des peigne-culs et des vaches sans lait, voui ! je leur z’y dirais !

— On y sera aussi, nous autres, on z’y sera sûrement et flûte pour les vieux !

Comme si on ne savait pas ce qu’ils ont fait eux aussi, quand ils étaient jeunes !

Après souper, ils nous envoient au plumard et eux, entre voisins, ils se mettent à blaguer, à jouer à la bête hombrée, à casser des noix, à manger de la « cancoillotte », à boire des litres, à licher des gouttes, et ils se racontent leurs tours du vieux temps.

Parce qu’on ferme les yeux ils se figurent qu’on dort et ils en disent, et on écoute et ils ne savent pas qu’on sait tout.

Moi, j’ai entendu mon père, un soir de l’hiver passé, qui racontait aux autres comment il s’y prenait quand il allait voir ma mère.

Il entrait par l’écurie, croyez-vous, et il attendait que les vieux aillent au lit pour aller coucher avec elle, mais un soir mon grand-père a bien manqué de le pincer en venant clairer les bêtes ; oui, le paternel, il s’était caché sous la crèche devant les naseaux des bœufs qui lui soufflaient au nez, et il n’était pas fier, allez !

Le vieux s’est amené avec sa lanterne tout bonne-