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la guerre des boutons


épouses, mais ils avaient les traits crispés et durcis.

Le père Bacaillé avait parlé de maladie, procès, dommages-intérêts, et, dame ! quand il était question de leur faire desserrer les cordons de la bourse, cela n’allait point ; aussi promettaient-ils intérieurement, et même à haute voix, de fabuleuses raclées à leurs rejetons.

— Les voici, annonça la mère Camus, du haut de sa levée de grange, la main en abat-jour sur les yeux.

Et, en effet, presque aussitôt, se poursuivant et discutant comme à l’ordinaire, les gamins du village apparurent dans le chemin près de la fontaine.

— File chez nous, tout de suite, commanda sèchement à son fils le père Tintin, qui abreuvait ses bêtes.

Lebrac, ajouta-t-il, et toi aussi, Camus, y a ton père qui t’a déjà appelé trois fois.

— Ah bien ! on y va alors, répondirent nonchalamment les deux chefs.

Et bientôt, de tous les coins, sur tous les seuils, on vit surgir des mamans ou des papas hélant à haute voix leur fils et le priant de rentrer immédiatement.

Les Gibus et Gambette, presque instantanément abandonnés, se résolurent, puisqu’il en était ainsi, à