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la guerre des boutons


vers Bacaillé. Comprenant qu’il n’avait pas de pitié à attendre des geôliers et sentant venir l’heure des expiations suprêmes, il eut une révolte désespérée et terrible et essaya de ruer, de se débattre et de mordre.

Mais Gambette et les Gibus, qui avaient assumé le rôle de garde-chiourme, étaient des gars solides et râblés, et on ne le leur faisait pas comme ça, d’autant que la colère, une colère folle qui leur faisait les oreilles rouges, décuplait encore leurs forces.

Les poignets de Bacaillé, serrés dans des étaux de fer, devinrent bleus, ses jambes furent en un clin d’œil ligotées plus étroitement encore et on le jeta comme un paquet de chiffons au milieu de la cabane, sous le trou du toit, défoncé, du toit si solide que, malgré tous leurs efforts, les Velrans ne l’avaient pu crever qu’en un seul endroit.

Lebrac en chef parla :

— La cabane, dit-il, est foutue ; on connaît notre cache ; tout est à refaire ; mais ça ce n’est rien : il y a le trésor qui a disparu, il y a l’honneur qui est atteint.

L’honneur on le redressera, on sait ce que valent nos poings, mais le trésor… le trésor valait bien cent sous !

Bacaillé, continua-t-il gravement, tu es complice des voleurs, tu es un voleur, tu nous a volé