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la guerre des boutons


me permettre une incidente et un conseil. Le souci de la vérité historique m’oblige à employer un langage qui n’est pas précisément celui des cours ni des salons. Je n’éprouve aucune honte ni aucun scrupule à le restituer, l’exemple de Rabelais, mon maître, m’y autorisant. Toutefois, MM. Fallières ou Bérenger ne pouvant être comparés à François Ier, ni moi à mon illustre modèle, les temps d’ailleurs étant changés, je conseille aux oreilles délicates et aux âmes sensibles de sauter cinq ou six pages. Et j’en reviens à Lebrac :)

– Montre-toi donc, hé grand fendu, cudot, feignant, pourri ! Si t’es pas un lâche, montre-la ta sale gueule de peigne-cul ! va !

– Hé grand’crevure, approche un peu, toi aussi, pour voir ! répliqua l’ennemi.

– C’est l’Aztec des Gués, fit Camus, mais je vois encore Touegueule, et Bancal et Tatti et Migue la Lune : ils sont une chiée.

Ce petit renseignement entendu, le grand Lebrac continua :

– C’est toi hein, merdeux ! qu’as traité les Longevernes de couilles molles. Je te l’ai-t-y fait voir moi, si on en est des couilles molles ! I gn’a fallu tous vos pantets[1] pour effacer ce que j’ai marqué

  1. Pantets, pans de chemise.