Page:Pergaud - La Guerre des boutons, 1912.djvu/294

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
294
la guerre des boutons


Ainsi, le père Simon, forcé dans ses sentiments d’équité par cet assaut de témoignages et cette magnifique manifestation, se devrait, s’il ne voulait pas faire perdre toute confiance en lui à ses élèves et tuer dans l’œuf leur notion de la justice, d’acquitter Camus et de condamner le bancal.

Ce qui s’était passé était bien simple.

Camus devant tous le dit carrément, tout en omettant avec prudence certains détails préparatoires qui avaient peut-être leur importance.

Étant aux cabinets avec Bacaillé, celui-ci lui avait d’essequeprès[1] traîtreusement pissé dessus, injure qu’il n’avait, comme de juste, pu tolérer ; de là ce crêpage de toisons et la série d’épithètes colorées qu’il avait envoyées avec une rafale de gifles à la face de son insulteur.

La chose, en réalité, était un peu plus compliquée. Bacaillé et Camus, entrés dans le même cabinet pour y satisfaire le même besoin, avaient fait converger leurs jets vers l’orifice destiné à les recueillir. Une émulation naturelle avait jailli spontanément de cet acte simple devenu jeu… C’était Bacaillé qui avait affirmé sa supériorité : il cherchait rogne évidemment.

— Je vais plus loin que toi, avait-il fait remarquer.

  1. Exprès, volontairement.