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la guerre des boutons


messe ! Les femmes piaillaient, les gosses hurlaient, les hommes juraient comme des chiffonniers : ah ! vous voulez de la pluie, tas de cochons, on vous en foutra ! Et pan par-ci et aïe donc par-là… Les hommes n’avaient plus d’habits, les femmes avaient leurs jupes « ravalées », leurs caracos déchirés, et le plus drôle c’est que les curés, qui ne se gobaient pas non plus, comme je vous l’ai dit, après s’être maudits l’un l’autre et menacés du tonnerre du diable, se sont mis à cogner eux aussi. Ils ont mis bas leurs surplis, troussé leurs soutanes, et allez donc, comme de bons bougres, après s’être engueulés comme des artilleurs, beugnés à coups de pieds, lancés des cailloux, tiré les poils, quand ils n’ont plus su sur quoi tomber, ils se sont foutu leurs calices et leurs bons dieux par la gueule ! »

Ça a dû être rudement bien, tout de même, songeait Lebrac, très ému.

– Et qui est-ce qui a eu raison auprès de la Notre-Dame ? c’est-y les Velrans ou les Longevernes ? Est-ce qu’ils ont eu le soleil ou bien la pluie ?

– Pour s’en venir, acheva La Crique nonchalamment, ils ont tous eu la grêle !