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la guerre des boutons


Longeverne attendu que les Velrans n’en veulent pas.

« Alors, après ça, les Velrans ont ri jaune et ça les emm… bêtait bien, mais ils avaient juré en crachant par terre, ils ne pouvaient pas se dédire devant le curé et les messieurs.

« Les gens de Longeverne ont tiré à la courte bûche qui c’est qu’encrotterait la vache et ceux-là ont eu double affouage de bois pendant les quatre coupes qu’on a faites ! Seulement sitôt que la bête a été encrottée et qu’on n’a plus eu peur de la Murie, les Velrans ont prétendu que le bois était toujours à eux et ils ne voulaient pas que les gens de Longeverne fassent les coupes.

« Ils traitaient nos vieux de voleurs et de relèche-murie, ces fainéants-là qu’avaient pas eu le courage d’enterrer leur pourriture.

« Ils ont fait un procès à Longeverne, un procès qu’a duré longtemps, longtemps, et ils ont dépensé des tas de sous ; mais ils ont perdu à Baume, ils ont perdu à Besançon, ils ont perdu à Dijon, ils ont perdu à Paris : paraît qu’ils ont mis plus de cent ans à en définir.

« Et ça les « houkssait » salement de voir les Longevernes venir leur couper le bois à leur nez ; à chaque coup ils les appelaient voleurs de bois ; seulement nos vieux qu’avaient des bonnes poignes ne se le laissaient pas dire deux fois : ils leur