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la guerre des boutons


Aucune main ne se leva. Un silence religieux planait. Était-ce possible ? Ils avaient tous trouvé le moyen d’acquérir leur « rond » ! Les bons conseils du général avaient porté leurs fruits : aussi félicita-t-il chaudement ses troupes :

– Vous voyez bien que vous n’êtes pas si bêtes que vous croyiez, hein ! Il suffit de vouloir, on trouve toujours. Mais il ne faut pas être une nouille, pardine, sans quoi on est toujours roulé dans la vie du monde.

Ici dedans, fit-il en désignant les dépouilles opimes, il y a au moins pour quarante sous de fourbi, eh bien ! mes petits, puisqu’on a été assez courageux pour le conquérir avec nos poings, il n’y a pas besoin de dépenser nos sous à en acheter d’autre.

Nous allons avoir demain quarante-cinq sous. Pour fêter la victoire et « prendre le chat » de la construction de la cabane, on va faire la bringue tous ensemble jeudi prochain après-midi.

Qu’en dites-vous ?

– Oui, oui, oui ! bravo, bravo ! c’est ça ! crièrent, beuglèrent, hurlèrent quarante voix, c’est ça, vive la fête, vive la noce !

– Et maintenant, à la cabane ! reprit le chef. Tintin, passe-moi ton béret que je l’emplisse de butin, pour le joindre à notre cagnotte.

Il n’y a plus personne là-bas ? questionna-t-il en désignant la lisière du bois de Velrans.