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la guerre des boutons


préparaient à aller « piquer une larme »[1] avant d’entrer à l’église.

Camus arriva bientôt avec son pantalon limé aux jarrets et sa cravate rouge comme une gorge de bouvreuil : ils se sourirent ; puis vinrent les deux Gibus, l’air flaireur ; puis Gambette, qui n’était pas encore au courant, et Guignard et Boulot, La Crique, Guerreuillas, Bombé, Tétas et tout le contingent au grand complet des combattants de Longeverne, en tout une quarantaine.

Les cinq héros de la veille recommencèrent au moins dix fois chacun le récit de leur expédition, et, la bouche humide et les yeux brillants, les camarades buvaient leurs paroles, mimaient les gestes et applaudissaient à chaque coup frénétiquement.

Ensuite de quoi Lebrac résuma la situation en ces termes :

— Comme ça ils verront si on en est des couilles molles !

Alors, sûrement, cette après-midi ils viendront se rétrainer par les buissons de la Saute, histoire de chercher rogne, et on y sera tous pour les recevoir « un peu ».

Faudra prendre tous les lance-pierres et toutes les frondes. Pas besoin de s’embarrasser des triques, on veut pas se colleter. Avec les habits du diman-

  1. Boire la goutte.