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la guerre des boutons


comme renseignement tenait dans cette phrase :

— Vous regarderez bien Touegueule ce soir.

Aussi, à quatre heures dix minutes, des munitions en quantité imposante devant eux et le quignon de pain au poing, étaient-ils chacun à son poste, attendant impatiemment la venue des Velrans et plus attentifs que jamais.

— Vous vous tiendrez cachés, avait expliqué Camus, il faut qu’il monte à son arbre si l’on veut que ça soit rigolo.

Tous les Longevernes, les yeux écarquillés, suivirent bientôt chacun des mouvements du grimpeur ennemi gagnant son poste de vigie au haut du foyard de lisière.

Ils regardèrent et regardèrent encore, se frottant de minute en minute les yeux qui s’embuaient d’eau et ne virent absolument rien de particulier, mais là, rien du tout !

Touegueule s’installa comme d’habitude, dénombra les ennemis, puis saisit sa fronde et se mit à « acaillener » consciencieusement les adversaires qu’il pouvait distinguer.

Mais au moment où un geste trop brusque du franc-tireur le penchait de côté afin d’éviter un projectile de Camus, impatienté de voir que nulle catastrophe n’advenait, un craquement sec et de sinistre augure déchira l’air. La grosse branche sur laquelle était juché le Velrans cassait net,