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la guerre des boutons


– Encore un peu, conclut Camus.

Gambette réfléchissait. Il ne faut pas que la branche reste attachée au fût, pensait-il, sans quoi il s’y raccrochera et en sera quitte pour la peur. Il faut qu’elle casse net. Et il proposa à Camus de recommencer à scier d’en dessous, l’épaisseur d’un doigt, pour obtenir une rupture franche, ce qu’ils firent. Camus, s’appuyant de nouveau assez fortement sur la branche, entendit un craquement de bon augure. Encore quelques petits coups, jugea-t-il.

– Maintenant ça va. Il pourra monter dessus sans qu’elle ne casse, mais une fois qu’il sera en train de gigoter avec sa fronde… ah ! ah ! ce qu’on va rigoler !

Et après avoir soufflé sur la sciure qui sablait les rameaux pour la faire disparaître, poli de leurs mains les bords de la fente pour rapprocher les éraflures d’écorce et rendre invisible leur travail, ils descendirent du foyard de Touegueule en ayant conscience d’avoir bien rempli leur matinée.

– M’sieu, fit Gambette au maître en arrivant en classe à une heure moins dix, je viens vous dire que mon père m’a dit de vous dire que j’ai pas pu venir ce matin à l’école passe que j’ai mené not’cabe…

– C’est bon, c’est bon, je sais, interrompit le père Simon, qui n’aimait pas voir ses élèves se complaire à ces sortes de descriptions pour lesquelles tous faisaient cercle, dans l’assurance qu’un malin