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la guerre des boutons


Marie qui passait aux joueurs de billes disputant avec acharnement un coup douteux.

Son interrogation les calma net, les petits intérêts suscités par la partie s’évanouissant devant toute chose se rattachant à la grande œuvre.

– J’ai fait le sac, ajouta-t-elle.

– Ah ! oh ! viens voir !

Et la Marie Tintin exhiba aux guerriers ébahis et figés d’admiration un sac à coulisses en grisette neuve, grand comme deux sacs de billes ordinaires, un sac solide, bien cousu, avec deux tresses neuves qui permettaient de serrer l’ouverture si étroitement que rien n’en pourrait couler.

– C’est salement bien ! jugea Camus, exprimant ainsi le summum de l’admiration, tandis que ses yeux luisaient de reconnaissance. Avec ça, « on est bons » !

– Est-ce qu’ils veulent bientôt sortir ? interrogea la fillette qu’on avait mise au courant de la situation de son frère et de son bon ami.

– « Dedans » dix minutes, un petit quart d’heure, fixa La Crique après avoir consulté la tour du clocher ; veux-tu les attendre ?

– Non, répondit-elle, j’ai peur qu’on me voie près de vous et qu’on dise à ma mère que je suis une « garçonnière » ; je vais m’en aller, mais vous direz à mon frère qu’il s’en vienne sitôt qu’il sera sorti.