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la guerre des boutons


– Tu reviendras ici après les huit heures, fit Lebrac à Camus. Tu m’aideras !

Et l’autre ayant acquiescé, ils s’en furent souper et étudier leurs leçons.

Après le repas, comme son père sommeillait sur l’almanach du Grand Messager boiteux de Strasbourg où il cherchait des indications sur le temps qu’il ferait à la prochaine foire de Vercel, Lebrac, qui guettait ce moment, gagna la porte sans façons.

Mais sa mère veillait.

– Où vas-tu ? fit-elle.

– Je vais pisser un coup, pardine ! répondit-il naturellement.

Et sans attendre d’autre objection, il passa dehors et ne fit qu’un saut, si l’on peut dire, jusqu’au vieux tilleul. Camus, qui l’attendait, vit, malgré l’obscurité, qu’il avait des épingles piquées dans le devant de sa blouse.

– Qu’est-ce qu’on va faire ? questionna-t-il, prêt à tout.

– Viens, commanda l’autre après avoir pris le pantalon dont il fendit de haut en bas le derrière et les deux jambes.

Ils arrivèrent sur la place de l’église absolument déserte et silencieuse.

– Tu me passeras la guenille, fit Lebrac en