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la guerre des boutons


– Non ! ce n’est pas la peine, répéta l’Aztec. Allez à la prière, allez-vous-en et priez la sainte Vierge et saint Nicolas qu’on ne « soye » pas trop saboulés.

Ils ne se le firent pas répéter, et pendant qu’ils s’éloignaient à toute allure, déjà un peu en retard, les deux compères se regardèrent.

Touegueule, tout à coup, se frappa le front.

– Ce qu’on est bêtes, tout de même, j’ai trouvé !

– Dis ! oh dis vite, fit l’Aztec, suspendu aux lèvres de son copain.

– Voici, mon vieux, moi je peux pas aller chez vous, mais toi tu vas y aller, toi !

– !…

– Voui, mais oui, je vas me déculotter moi et te passer mon grimpant et ma blouse. Tu vas filer chez vous par derrière, caler tes nippes déchirées, en remettre des bonnes et me rapporter mes frusques. Après, on s’en retournera. On dira qu’on était allé aux champignons et qu’on était loin par Chasalans, si tellement loin qu’on n’a quasiment pas entendu sonner.

Allez !

L’idée parut géniale à l’Aztec et sitôt dit, sitôt fait. Touegueule, d’une taille légèrement supérieure à celle de son ami, lui enfila le pantalon dont il retroussa en dedans les deux jambes un peu longues, il serra d’un cran la pattelette de derrière,