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la guerre des boutons


chez nous, par derrière, et s’enfiler dans la chambre du fond. Il y a mon vieux « falzar » qu’est derrière la malle. Si je l’avais au moins !

– Mon vieux, si on allait là-bas et qu’on soit surpris par ta mère ou par ton père, qu’est-ce qu’on z’y dirait ? ils voudraient savoir ce qu’on fait là, ils nous prendraient peut-être pour des voleurs ; c’est pas des coups à faire, ça.

– Bon Dieu de bon Dieu ! Qu’est-ce que je vas faire ici !

Vous allez me laisser tout seul ?

– Jure pas comme ça, tourna Migue la Lune, tu ferais pleurer la Sainte Vierge et ça porte malheur.

– Ah ! la Sainte Vierge ! elle fait des « miraques » à Lourdes, qu’on dit : si seulement elle me redonnait un pauvre petit vieux « patalon » !

Ding ! dong ! ding ! dong ! La prière sonna.

– On peut pas rester plus longtemps, ça n’avance à rien ! faut s’en aller, firent de nombreuses voix !

Et la moitié de la troupe se débandant, lâchant son chef, fila au triple galop vers l’église, pour ne pas être punie par le curé.

– Comment faire, Seigneur ! Comment faire ?

– Attendons qu’il fasse nuit, va, consola Touegueule, je resterai avec toi. On sera tannés tous les deux. C’est pas la peine que ceux-ci soient engueulés avec nous.