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la guerre des boutons


L’Aztec des Gués, en arrivant parmi ses soldats, n’eut pas besoin de raconter ce qui s’était passé. Touegueule, perché sur son arbre, avait tout vu ou à peu près. Les coups de verge, l’embuscade, la dégradation boutonnière, la fuite, la reprise, la délivrance : les camarades avaient vécu avec lui au bout de son fil, si l’on peut dire, ces minutes terribles de souffrance, d’angoisse et de rage.

— Faut s’en aller ! dit Migue la Lune, rien moins que rassuré et à qui la pénible mésaventure de son chef rappelait, sans qu’il l’avouât, de bien tristes souvenirs.

— Faut d’abord rhabiller l’Aztec, objectèrent quelques voix. Et l’on défit le baluchon. Les manches de blouse déliées, on trouva les souliers, les bas, le gilet, le tricot, la chemise et la casquette, mais le pantalon n’apparut point…

— Mon pantalon ? Qui c’qu’a mon « patalon » ? demanda l’Aztec.

— Il n’est pas dedans, déclara Touegueule. Tu l’as pas perdu, des fois, en « t’ensauvant » ?

— Faut aller le « sercher ».

— « Ergardez » voir si vous ne le voyez pas ?

On interrogea des yeux le champ de bataille. Aucune loque gisant à terre n’indiquait le pantalon.

— Monte sur l’arbre, va, fit l’Aztec à Touegueule,