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la guerre des boutons


Gros Buisson et t’y passeras, que je te dis, t’y passeras !

Et ce disant, le bourrant de coups de pieds et de coups de poings, aidé par Camus et par Grangibus qui l’avaient suivi, ils emportèrent littéralement le chef ennemi qui se débattait de toutes ses forces. Mais Camus et Grangibus tenaient chacun un pied et Lebrac, le soulevant sous les bras, lui jurait avec force noms de Dieu qu’il lui serrerait la vis s’il faisait trop le malin.

Pendant ce temps les gros des deux troupes luttaient avec un acharnement terrible, mais la victoire décidément souriait aux Longevernes ; dans les corps à corps ils étaient bons, étant bien râblés et robustes ; quelques Velrans, qui avaient été culbutés trop violemment, reculaient, d’autres lâchaient pied, tant et si bien que, lorsqu’on vit le général lui-même emporté, ce fut la débandade et la déroute et la fuite en désordre.

– Chopez-en donc ! chopez-en donc, nom de Dieu ! Mais chopez-en donc, rugissait Lebrac, de loin.

Et les guerriers de Longeverne s’élancèrent sur les pas des vaincus, mais, comme bien on pense, les fuyards ne les attendirent point et les vainqueurs ne poussèrent pas trop loin leur poursuite, trop curieux de voir comment on allait traiter le chef ennemi.