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la guerre des boutons


Et Tintin, en arrière, ne tenait pas en place. Quel sale métier que d’être trésorier !

Cependant l’Aztec des Gués, ayant de nouveau rassemblé ses hommes surexcités et furieux et pris conseil, décida d’un assaut général.

Il poussa un sonore et rugissant : « La murie vous crève ! » et triques brandies, bâtons serrés, s’élança dans la carrière, toute son armée avec lui.

Lebrac n’hésita pas davantage. Il répliqua par un « À cul les Velrans ! » aussi sonore que le cri de guerre de son rival et les épieux et les sabres de Longeverne pointèrent encore une fois en avant leurs estocs durcis.

– Ah Prussiens ! ah salauds ! – triples cochons ! – andouilles de merde ! – bâtards de curés ! – enfants de putains ! – charognards ! – pourriture ! – civilités ! – crevures ! – calottins ! – sectaires ! – chats crevés ! – galeux ! – mélinards ! – combisses ! – pouilleux ! telles furent quelques-unes des expressions qui s’entrecroisèrent avant l’abordage.

Non, on peut le dire, les langues ne chômaient pas !

Quelques cailloux passèrent encore en rafales, frondonnant au-dessus des têtes, et une effroyable mêlée s’ensuivit : on entendit des triques tomber sur des caboches, des lances et des sabres craquer, des coups de poings sonner sur les poitrines, et