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la guerre des boutons


– Bravo, bravo, Camus ! ouhe ! ouhe ! ouhe ! hihan ! bouaou ! meuh ! bê ! couâ ! keureukeukeue : c’était l’armée de Longeverne qui, par des cris divers, témoignait ainsi son mépris pour la sotte crédulité des Velrans et ses félicitations au brave Camus, qui venait de l’échapper belle et de leur jouer un si bon tour.

– T’as tout de même reçu le gnon, rugissait Touegueule ballotté de sentiments divers, content au fond de la tournure qu’avaient prise les choses et furieux cependant de ce que ce salaud de Camus, qui lui avait pour rien fichu la frousse, eût échappé au châtiment qu’il méritait si bien.

– Toi, mon petit, répliqua Camus, qui avait son idée, « soye » tranquille ! je te retrouverai !

Et les cailloux commençant à tomber parmi les rangs découverts des Longevernes armés seulement de leurs triques, ils firent prestement demi-tour et regagnèrent leur camp.

Mais l’élan était donné, la bataille reprit de plus belle, car les Velrans, cernés, furieux de leur déconvenue – avoir été joués, raillés, insultés, ça se paierait et tout de suite ! – voulurent reprendre l’offensive.

On avait déjà chipé le général, ce serait bien le tonnerre de diable si on n’arrivait pas encore à pincer quelques soldats.

– Ils vont revenir, pensait Lebrac.