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la guerre des boutons


dit à Tintin par cette doucereuse et insidieuse interrogation :

– C’est pour votre maman ?

– Non ! intervint La Crique, défiant. C’est pour sa sœur. Et comme l’autre, toujours souriante, leur donnait des prix, il poussa légèrement du coude son voisin en lui disant : Sortons !

Dès qu’ils furent dehors, La Crique expliqua sa pensée…

– T’as pas vu cette vieille bavarde qui voulait savoir pourquoi, comment, ousque, quand et puis encore quoi ? Si nous avons envie que tout le village le sache bientôt que nous avons un trésor de guerre, il n’y a qu’à acheter chez elle. Vois-tu, il ne faut pas prendre ce qu’il nous faut tout d’un coup, ou bien cela donnerait des soupçons ; il vaut mieux que nous achetions un jour une chose, l’autre jour une autre et ainsi de suite, et quant à aller encore chez cette sale cabe-là, jamais !

– Ce qu’il y a encore de mieux, répliqua Tintin, vois-tu, c’est d’envoyer ma sœur Marie chez la mère Maillot. On croira que c’est ma mère qui l’envoie en commission et puis, tu sais, elle s’y connaît mieux que nous pour ces affaires-là, elle sait même marchander, mon vieux ; t’es sûr qu’elle nous fera avoir la bonne mesure de ficelle et deux ou trois boutons par-dessus.