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la guerre des boutons


Les premiers arrivés à la Carrière attendirent les retardataires et le chef chargea Tétas, Tigibus et Guignard d’aller un moment surveiller la lisière ennemie.

Il conféra à Tétas les pouvoirs de chef et lui dit : « Dedans » un quart d’heure, quand on sifflera, si t’as rien vu, tu monteras sur le chêne à Camus et si tu ne vois rien encore, c’est qu’ils ne viendront sûrement pas ; alors vous reviendrez nous rejoindre au camp.

Les autres, dociles, acquiescèrent, et, pendant qu’ils allaient prendre leur quart de garde, le reste de la colonne monta au repaire de Camus, où l’on s’était déshabillé la veille.

– Tu vois bien, vieux, constata Boulot, qu’on n’aurait pas pu se déshabiller aujourd’hui !

– C’est bon ! dit Lebrac : du moment qu’on a décidé de faire autre chose, il n’y a pas à revenir sur ce qui est passé.

On était vraiment bien dans la cachette à Camus ; du côté de Velrans, au couchant et au midi et du côté du bas, la carrière à ciel ouvert formait un rempart naturel qui mettait à l’abri des vents de pluie et de neige ; des autres côtés, de grands arbres, laissant entre eux et les buissons quelques passages étroits, arrêtaient les vents du nord et d’est pas chauds pour un liard ce soir-là.

– Asseyons-nous, proposa Lebrac.