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la guerre des boutons


planté une épine dans le pied, qui écorché les orteils sur des chardons ou blessé les talons en marchant sur des cailloux.

Bientôt toute l’armée bancalerait ! Ce serait du propre ! Non vraiment, ça n’était pas un métier !

Lebrac, seul, ou presque, de son opinion, dut convenir que le moyen qu’il avait préconisé offrait en effet de notoires inconvénients et qu’il serait bon d’en trouver un autre.

– Mais lequel ? Trouvez-en puisque vous êtes si malins ! reprit-il, vexé au fond du peu de succès en durée qu’avait eu son entreprise.

On chercha.

– On pourrait peut-être se battre en manches de chemises, proposa La Crique ; les blouses au moins n’auraient pas de mal et, avec des ficelles pour les souliers et des épingles pour le pantalon, on pourrait rentrer.

– Pour te faire punir le lendemain par le père Simon qui te dira que tu as une tenue débraillée et qui en préviendra tes vieux ! hein ! Qui c’est qui te remettra des boutons à ta chemise et à ton tricot ? Et tes bretelles ?

– Non, c’est pas un moyen ça ! Tout ou rien, trancha Lebrac ! Vous ne voulez pas de rien, il faut tout garder.

– Ah ! fit La Crique, si on avait quelqu’un pour