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la guerre des boutons


On se tut.

L’aîné des Gibus, qu’on appelait par contraction Grangibus pour le distinguer du P’tit Gibus ou Tigibus son cadet, parla ainsi :

— Voilà ! Quand nous sommes arrivés, mon frère et moi, au contour des Menelots, les Velrans se sont dressés tout d’un coup près de la marnière à Jean-Baptiste. Ils se sont mis à gueuler comme des veaux, à nous foutre des pierres et à nous montrer des triques.

Ils nous ont traités de cons, d’andouilles, de voleurs, de cochons, de pourris, de crevés, de merdeux, de couilles molles, de…

— De couilles molles, reprit Lebrac, le front plissé, et qu’est-ce que tu leur z’y as redit là-dessus ?

— Là-dessus on « s’a ensauvé », mon frère et moi, puisque nous n’étions pas en nombre, tandis qu’eusses, ils étaient au moins tienze[1] et qu’ils nous auraient sûrement foutu la pile.

— Ils vous ont traités de couilles molles ! scanda le gros Camus, visiblement choqué, blessé et furieux de cette appellation qui les atteignait tous, car les deux Gibus, c’était sûr, n’avaient été attaqués et insultés que parce qu’ils appartenaient à la commune et à l’école de Longeverne.

— Voilà, reprit Grangibus, je vous dis mainte-

  1. Quinze