Page:Pergaud - La Guerre des boutons, 1912.djvu/118

Cette page a été validée par deux contributeurs.
118
la guerre des boutons


On s’impatientait enfin, et l’air mystérieux du chef n’était pas pour calmer l’énervement général :

— Ah ! voici Boulot avec ses hommes ! s’esjouit Camus.

— Eh bien ! Boulot ?

— Eh bien ! reprit l’autre, il a passé par la grand'route, tout en bas, et on aurait pu l’attendre longtemps si j’avais pas eu l’œil ! Il a dû redescendre le bois et regagner la route par le petit sentier qui part de la sommière.

Nous l’avons vu de la Carrière. Il faisait des grands moulinets avec ses bras, tout comme Kinkin quand il est saoul. Il doit être salement en colère.

— Tigibus, commanda Lebrac, va voir ce que fait La Crique et tu z’y diras de venir me dire tout de suite ce qui se passe.

Tigibus, docile, partit au triple galop, mais à trente sauts du groupe, un « tirouit » discret l’arrêta.

— C’est toi, La Crique ! Viens vite, mon vieux, viens vite dire où que ça en est !

Ils arrivèrent en quelques secondes.

La Crique fut entouré et parla.

— Un quart d’heure avant, rouge comme un coq, Bédouin s’était amené alors qu’ils jouaient tous