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la guerre des boutons


cailloux, qui s’enfonçaient meurtris, fouettés, égratignés, déchirés parmi les épines et les fourrés de ronces comme des sangliers forcés ou des cerfs aux abois.

Lebrac, lui, avait enfilé la Grande Tranchée avec Tintin et Grangibus. Il allait poser la griffe sur l’épaule frémissante de peur de Migue la Lune, dont il venait déjà de tanner les reins avec son sabre, quand deux stridents coups de sifflet venant de son camp, en achevant la déroute ennemie, les arrêtèrent net eux aussi, lui et ses soldats.

Migue la Lune, laissant derrière lui un sillage odorant caractéristique qui témoignait de sa frousse intense, put s’échapper comme les autres et disparut dans le sous-bois.

Qu’y avait-il ?

Lebrac et ses guerriers s’étaient retournés, inquiets du signal de Boulot et soucieux quand même de ne pas se laisser surprendre dans cette tenue équivoque par un des gardiens laïque ou ecclésiastique, naturel ou autre, de la morale publique de Longeverne ou d’ailleurs.

Jetant un regard de regret sur la silhouette de Migue la Lune, Lebrac remonta la tranchée pour regagner la lisière où ses soldats, écarquillant les prunelles, cherchaient, en attendant son retour, à se rendre compte de ce qui avait bien pu motiver le signal d’alarme de Boulot.