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délaisser les taillis déserts et chercher vers le village la pâture de chaque jour.

Elle y venait tous les soirs, plus prudente ou moins hardie que ses vieilles compagnes qui s’y étaient depuis longtemps arrangé des retraites dans les interstices caverneux des vieilles toitures d’aisseules.

Les temps étaient lointains maintenant , avec la complicité de la lune rousse, elle grimpait aux petits chênes pour y surprendre, pendant leur sommeil, les merles nouveaux arrivés sur leur couvée d’oisillons : il ne restait plus au bois que quelques vieux sédentaires dont la méfiance, jamais démentie, défiait toute surprise.

Par un trou de carreau cassé rustiquement rebouché de papier, par la chatière d’une porte ou l’évidement d’un mur bas à l’endroit où posent les poutres, elle était parvenue, certaine nuit, à couler dans la grange d’un fermier son corps vermiforme, et de là, tombant par les abat-foin dans le ratelier des vaches, à pénétrer dans l’étable chaude où logeaient les poules.