Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/88

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Oh ! le pouvoir bloquer dans une prison entre des pierres ! Et les pattes de devant fouissent, creusent, battent ; celles de derrière rejettent la terre ; la petite trompe mobile frémit de fièvre et de peur. Le boyau s’allonge. Mais lui ! Où en est-il ?

À la galerie centrale elle revient et écoute. Il approche. La cloison de terre vibre ; quelque chose a crissé aigument.

Une pierre barre son chemin. S’il s’était brisé les griffes ! Un silence ! Mais non, il reprend son travail, il tourne la pierre, il viendra, il va arriver.

Et, hypnotisée par le bruit, Nyctalette reste là, stupide, écoutant. Par quel couloir fuir ! La cloison de glaise vibre plus fort ; elle frémit ; des miettes de terre se détachent comme si un bélier heurtait la paroi, et tout d’un coup, dans un éboulis dernier, la trompe terreuse, le poil sale, l’ennemi surgit dans la place tandis que Nyctalette, emportée par l’instinct, s’élance par le premier couloir venu et disparaît dans la ténèbre.