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inquiet, plein de souvenirs latents et de vies inconscientes, la perception aiguë du danger : le mâle ! la traversant comme un « sauve qui peut » fait de toutes parts refluer vers son cerveau toutes les énergies désordonnées dans la rafale du frisson. Le mâle !

Le mâle dont le baiser est une blessure, dont l’étreinte est une torture, dont l’attente est une angoisse ! Le mâle qui viole comme l’assassin tue, le mâle qu’elle a déjà subi et qu’il faut fuir, fuir comme la mort.

Elle écoute. C’est lui, pas de doute ; c’est bien le bruit de ses pattes qui fouillent, qui creusent, qui approchent.

C’est le mâle ou les mâles, car, plus loin, peut-être, dans des épaisseurs où ses sens n’atteignent pas, d’autres encore sont en marche vers elle dont il faudra subir le contact dans la douleur horrible de l’étreinte nuptiale.

Fuir ! fuir ! Mais où ? la lumière c’est la mort. La petite taupe se souvient qu’un soir d’antan, abandonnant la fournaise ardente de ses corridors, elle a voulu monter parmi la fraîcheur