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cendus au plus profond de la couche végétale, remontant vers la verdure pressentie, s’égaraient dans ses corridors, et Nyctalette, pour se dédommager des longues privations de l’hiver, dévorait tout ce qu’elle rencontrait au hasard de ses promenades.

C’était maintenant de plantureux festins, de multiples collations, qui lui faisaient récupérer les forces perdues, enrichissaient subitement son organisme, et dont l’influence, combinée au trouble grisant des sèves montantes, concourait à mettre tout son être dans l’état d’exaltation fébrile, précurseur de toutes les grandes crises de la vie animale.

Son temps se comptait par chasses et par sommeils, et chaque réveil la retrouvait plus agitée encore qu’au réveil précédent.

Ce jour-là, au cours de sa chasse, elle avait soigneusement tranché, au ras de la voûte circulaire de ses corridors, les racines tenaces des chiendents ; elle rentra dans la galerie centrale, et, sur la terre battue, au centre des colonnes de glaise, comme sous un dais, elle se laissa