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de chêne derrière lequel, Miraut la queue entre les jambes, le poil hérissé, hurlait désespérément. Toute la nuit, le fusil chargé de chevrottines à la main, prêt à faire feu, Lisée veilla. Une heure avant l’aube la chasse lugubre se tut.

Rassuré par le jour et par le silence, le braconnier retira lentement et sans bruit le lourd bahut qui barricadait son entrée et prudemment entr’ouvrit la porte.

Les yeux hagards, les pattes raidies par la mort et gelées par le froid, la peau à demi pelée, dans l’attitude d’un chat qui se ramasse pour bondir, Goupil efflanqué, squelettique, était là devant lui, mort avec le grelot fatal au cou.

Miraut le vint flairer avec crainte et s’en écarta avec un froncement de mufle.

Le cerveau bourdonnant, les jambes molles, Lisée rentra chez lui, prit une pioche et un sac dans lequel il glissa le corps raidi de sa malheureuse victime et, suivi de son chien, partit vers la forêt.

Il y creusa sous la neige un trou profond