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sur des claies après la cuisson du pain, des meringues saupoudrées de bonbonnets multicolores et des pommes remontées de la cave répandant une subtile odeur d’éther.

Le souper avait été copieux, plein d’animation, et selon la coutume aux heures de matines, les falots jaunes dansant dans la nuit avaient mené vers l’église et ramené vers le logis, dans la chambre du poële bien chaude, pour le réveillon désiré, la joyeuse maisonnée tout entière.

On avait mangé, on avait bu, on avait chanté, on avait ri et la grand’mère, comme de coutume, avait commencé de sa voix chevrotante, un peu mystérieuse et lointaine, le conte traditionnel :

« C’était il y a des temps, des temps, par un minuit passé, un soir de matines, quand la terre que nous labourons maintenant était encore toute aux seigneurs et que les grands-pères de nos grands-pères leur obéissaient.

L’heure de l’office allait venir, quand, dans le château dont vous connaissez les ruines, un homme que nul n’avait jamais vu s’en vint trou-