Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mobiles, haleines fiévreuses des chaumières, avait seulement donné d’autres signes de vie à l’aube et au crépuscule, lorsque les portes des étables vomirent aux heures coutumières les bêtes ivres d’énergies croupissantes, meuglant et ruant vers l’abreuvoir.

Et pourtant dans ce village tout veillait, tout vivait : c’était veille de fête. Dans les vieilles cuisines romanes où le pilier rustique et les pleins cintres enfumés soutenaient deux pans de l’immense « tuyé » où l’on séchait les bandes de lard et les jambons à la fumée aromatique des branchages de genévrier, il y avait un remue-ménage inaccoutumé.

Pour le réveillon du soir et la fête du lendemain, les ménagères avaient pétri et cuit une double fournée de pain et de gâteaux dont le parfum chaud embaumait encore toute la maison. Oubliant les jeux et les querelles, les enfants, avec des exclamations joyeuses, avaient suivi tous les préparatifs et dénombré bruyamment ces bonnes choses attendant impatiemment l’instant désiré d’en jouir : les pruneaux séchés au four