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et à vouloir surprendre, à la faveur de son grelot, la confiance des animaux domestiques.

Mais il y vint fatalement. Insensiblement, chaque nuit, il se rapprocha des habitations, éloignant même les autres renards qui, affamés eux aussi, y rôdaient déjà et n’avaient pas comme lui attendu que la faim les eût acculés à la dernière limite pour venir y traquer une aléatoire pâture.

Mais pas un animal ne songeait à quitter la chaude litière de l’étable ni le coin du feu où, sur la dalle ou la planche chaude, les chats frileux se pelotonnaient quand ils ne guettaient pas aux tas de bottes de la grange ou aux trous des boiseries des chambres les souris maigres au museau inquiet qui, affamées aussi, avaient toutes réintégré les maisons.

De temps à autre l’aboi furieux d’un chien de chasse l’avertissait qu’il était venu trop près, qu’il était éventé et que le temps était venu pour lui de détaler au plus vite. Jamais il ne rapporta rien de ces expéditions nocturnes. Le traditionnelle charogne qui tentait jadis les ventres affa-