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Et cela dura ainsi jusqu’aux premiers jours de décembre.

Mais à ce moment le froid redoubla : des bises cinglantes se mirent à souffler ; la neige, divisée par la gelée en infimes paillettes de cristal, pénétrait tout, comblant les plus profondes vallées, s’infiltrant sous les abris les plus épais et formant de véritables dunes blanches, des « menées » qui se déplaçaient rapidement sous l’effort du vent.

Son terrier cependant restait indemne ; il s’était même consolidé et il y était plus à l’aise, car la chaleur de son corps avait fait fondre alentour de lui une légère couche de neige, qui, par la gelée, s’étant solidifiée, formait comme une croûte plus dure, une voûte de glace supportant facilement le poids d’ailleurs variable de la neige qui passait sur lui.

Tous les buissons avaient été soigneusement glanés ; les oiseaux rôdaient autour des villages, les lièvres étaient insaisissables. Rien, rien, plus rien, et Renard, pensif, se ressouvenant de la vieille aventure, hésitait à la tenter de nouveau