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pas le mettait pour toutes les chasses, et surtout pour la chasse au lièvre, dans un réel état d’infériorité.

Il savait bien qu’un lièvre déboulant devant lui deviendrait irrémédiablement sien, car lorsque la neige est molle, les malheureux oreillards sont impuissants à lutter de vitesse avec les renards et les chiens. Mais ils n’ignorent rien de cette infériorité, aussi dès qu’un bruit inaccoutumé de grelot ou de pas se fait entendre, ils ont la sage précaution de gagner au pied une avance remarquable. Renard leur était donc plus que suspect.

Alors reprirent les pérégrinations sans fin, les longs déterrages sous les pommiers des bois, les patientes glanes aux buissons secoués de leur neige qui n’arrivaient qu’à sustenter à demi son estomac trop souvent vide.

Il connut de nouveau les jours sans pitance, les longues stations aux lieux de sortie des lièvres et les guets prudents aux abords du village ou des fermes dans l’espoir vague de s’emparer d’une volaille ou d’étrangler un chat.