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VIII

Brusquement, sans transition, comme il arrive dans les montagnes, après les bruines froides de fin d’octobre et des premiers jours de novembre qui dévêtirent la forêt de ses feuilles roussies, il vint. Quelques baies rouges luisaient encore aux églantiers des haies, quelques balles violettes de prunelles à la peau ridée par le premier gel pendaient encore aux épines la queue aux trois quarts coupée par les implacables ciseaux de la gelée ; puis un beau matin que le vent semblait s’être assoupi, traîtreusement la neige tomba, molle, douce, sans bruit, sans secousse avec la persistance tranquille du bon ouvrier que rien ne rebute, que rien ne hâte et qui sait bien qu’il a le temps.

Elle tomba deux jours et deux nuits sans discontinuer, nivelant les hauteurs, comblant les vallons, aplanissant tout sous son enveloppe