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forêt si adéquate à ses instincts lui sourit de nouveau ; il se refit presque, grâce au souci de la pâtée quotidienne une âme de coureur des bois se contentant, jouissance douloureuse, amère volupté, d’écouter au loin comme le chant de fête d’un paradis perdu, la vie de ceux de sa race que des chasses nocturnes lui rappelaient souventes fois.

Les lourdes chaleurs du mois d’août le faisaient au crépuscule gagner les prairies voisines des chemins, où il était certain de rencontrer, cherchant hors de la terre un remède à la chaleur qui les étouffait, les taupes aux yeux clos, errant à travers les andains fraîchement coupés des regains et vouées à la mort par le seul fait d’avoir abandonné le carrefour originel sous la taupinée desséchée.

C’était là pour Renard une ressource assurée, car lors même qu’il ne les eût pas trouvées vivantes encore, errant misérablement sous le double poids de leur infirmité et du malaise qui les chassait de la fournaise surchauffée de la glèbe, il savait qu’il les retrouverait certainement mor-