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ment atteint s’il n’avait été assez prudent pour abandonner à son ennemi cette proie dérobée qui lui aurait fourni un si copieux repas. C’était Miraut qui sans doute avait retrouvé le lièvre dans la rocaille escarpée où il l’avait abandonné et des traînées de poil et des éclaboussures de sang sur les cailloux disaient assez la plantureuse lippée qu’il s’était égoïstement offerte.

Goupil naturellement songea à profiter de la chasse de ses congénères, mais il n’y réussit que rarement, car si le grelot éloignait toujours le chasseur à longue queue à l’affût, il arrivait très souvent aussi qu’il détournait du passage le lièvre roux attentif à tous les bruits de la forêt. Mais en cette occurrence ce qu’il cherchait surtout c’était à revoir les autres renards afin de leur faire comprendre qu’il n’était pas l’ennemi ; peine perdue, le solitaire ne put amener à lui ses frères farouches, ni parvenir à eux ; ses appels restèrent sans autre réponse que celle de l’écho qui lui renvoyait, comme une raillerie, la fin plaintive de ses glapissements.