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Et pourtant il sentait autour de lui sa présence continuelle. Il la sentait par les traces que les autres renards laissaient en traversant les chemins de terre toujours humides du sous-bois, par le fret de leurs pattes sur les herbes des clairières et aux rameaux des branches basses des fourrés, et surtout par les glapissements particuliers qui lui signalaient une chasse nocturne de deux associés : l’un faisant le chien, donnant de la voix, une petite voix grêle comme enrouée, tandis que l’autre selon la direction indiquée par l’aboi, allait occuper l’emplacement probable où passerait le lièvre et l’étranglerait sans courir.

Les passages, il les connaissait tous et se trompait rarement quant à la direction ; il avait même, un jour que la faim le talonnait un peu, osé attendre et étrangler un oreillard que Miraut chassait. Mais il ne s’y était jamais repris, car le limier, aussi fin que lui, devinant la ruse du pillard, sans perdre un instant et pris d’une nouvelle ardeur s’était mis à sa poursuite. Chargé du poids de sa capture il aurait été infaillible-