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grelot, ignorant d’ailleurs l’aventure de Goupil, accusait fermement Miraut d’être l’assassin de ses poules et ne parlait rien moins que d’intenter à Lisée un bon procès ou de lui démolir son rien qui vaille de chien.

Cependant Goupil engraissait et s’il avait dû en partie se résigner à laisser les lièvres en repos, les volailles de la Grange Bouloie offrant une suffisante compensation, il reprenait confiance en la vie.

Une chose pourtant lui pesait horriblement : c’était sa solitude.

Jamais, depuis le soir de sa captivité, il n’avait revu un de ses frères et il ne pouvait sans une profonde émotion évoquer les taquineries mutines, les petits mordillements d’oreilles qui précédaient les grandes expéditions, ni les grandes querelles suscitées par les partages difficiles, et qui faisaient jaillir comme des défis la rangée aiguë des canines puissantes sous le retroussis des babines noires.

Rien, plus rien que la forêt ; il semblait que sa race se fût évanouie avec sa captivité.